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PRAXIS 74 . Travail social et psychanalyse.
2 novembre 2025

L'amour est un chien de l'enfer

 

« L’amour est impuissant, quoiqu’il soit réciproque, parce qu’il ignore qu’il n’est que le désir d’être Un, ce qui nous conduit à l’impossible d’établir la relation d’eux. La relation d’eux qui ? – deux sexes ». (J. Lacan, séminaire XX).

 

L’amour existe, je l’ai croisé plusieurs fois, inaugurant à chaque fois un ratage consubstantiel aux trumains. L’amour est une illusion d’unité, comme une suspension d’armes où deux êtres échappent pour un instant à la haine et à la peur, par lequel ils s’oublient tels deux fantassins ennemis qui fraterniseraient entre deux lignes de front, autour d’un charnier où seraient ensevelis des morts…tous les morts depuis que l’humanité existe.

L’état amoureux est du ressort de l’imaginaire, caractérisé par une illusion fusionnelle et régressive, à l’encontre de toute raison rationnelle et de principe de réalité. Alors, la pulsion bat son plein, et cet état, il vaut mieux consentir à le vivre, il serait dommage de passer à côté de ce leurre, cette illusion générée par l’état de grâce des prémisses, qui peut durer entre trois mois et un an. Là où Alter est indispensable à Ego, et vice versa, leurre vécu dans la réciprocité…c’est tellement bon !

Il y a des revers, comme des retours de flamme. L’amour existe, malgré ses limitations temporelles et certains évènements vécus dans le pathos, provoquent parfois une sortie définitive de la vie aimante, voire de la vie tout court, ça s’est déjà vu. Je crois que Lacan a dit que l’amour était la juste compensation d’un rapport sexuel qui ne cesse pas de ne pas s’écrire. En d’autres termes, il n’y a pas de rapport sexuel qui puisse s’écrire.

Lacan en parle dans le Séminaire XX (« Encore… ») et depuis, ça continue à faire gloser - tempête lacanienne dans un verre d’eau -, alors, cela pose cette question : « Qu’est-ce qu’un rapport ? ». On appelle rapport de deux nombres, a et b, le quotient exact de ces deux nombres, soit a / b = 1, ce qui implique que a = b. Cela pour dire qu’un non-rapport n’aboutit jamais à l’unité, à cette fusion miraginaire le plus souvent désirée depuis le temps que les trumains recherchent en vain leur moitié, à l’instar d’Aristophane dans le Banquet de Platon.

De ce fait, on aura beau copuler avec enthousiasme et frénésie, ça ne le fera pas, le rapport. Une femme sur un homme (a / b) ou un homme sur une femme (b / a), ça ne fera jamais du « un », il n’y aura pas d’unité possible, et ainsi, le coït - fut-il très orgasmique - donc réussi, ne sera qu’un leurre masquant la disjonction tragique et radicale entre les femmes et les hommes : voir à ce sujet le spleen post-coïtal vécu le plus souvent par les hommes et qui fait symptôme. Celui que l’on nomme « petite mort » dans les propos courants.

« Il n’y a pas de rapport sexuel » ne veut pas dire qu’il n’y a pas de relation sexuelle. Lacan a énoncé cette impossibilité pour contrecarrer ce lieu commun qui voudrait traduire l’union des sexes par ce moment qui culmine où deux corps ne feraient plus qu’un.

Cela ne fonctionne pas, du fait de la divergence des jouissances de chaque protagoniste, alors les deux partenaires sont réduits chaque-un au statut d’objet partiel, et l’un pour l’autre.

(2/11/2025)

 

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