Halloween
Ce sont tous d’anciens bébés.
Il y a ceux qui dorment dans leur fauteuil roulant, la tête en avant, le dos cassé ; ceux qui, larmoyants, se lamentent d’une plainte ininterrompue, comme en boucle ; ceux qui déambulent en vociférant, des ondulés de la toiture, déments séniles ou psychotiques vieillissants, en errance et sans but, traçant des lignes d’erre ; il y a ceux qui se trompent de chambre ; ceux qui crient « au secours » ou « A l’aide », ou « je veux mourir » ; ceux qui vous disent « bonjour » toutes les cinq minutes, ceux qui, tels des gisants, restent alités H24 ; et ceux qui vous interpellent et demandent : « Où je vais ? » ; ceux qui rient aux éclats, d’un rire discordant et inextinguible et sans objet …
Et puis la mort, omnipotente, qui rode, à l’affut des plus faibles, et prélevant régulièrement son tribu.
Dans cet établissement où réside ma mère, sont célébrées de nombreuses fêtes, dans une ambiance « bon enfant », le personnel est animé par une bonne volonté. Sont fêtés Noel, le Jour de l’an, Pâques, et les anniversaires de chacun ; mais on ne fête jamais Halloween.
Pas étonnant…dans cette structure, c’est tous les jours Halloween.