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PRAXIS 74 . Travail social et psychanalyse.
25 mai 2025

Pulsion...ou répulsion?

A propos de l’ouvrage « Pulsion », de Frédéric Lordon et Sandra Lucbert (Editions de la Découverte, 2025).

 

Ce petit texte n’est pas une critique de l’ouvrage, je n’en ai qu’une vision partielle, n’en ayant lu que les cent premières pages, et je crois que je n’irai pas plus loin tant – parfois – il m’agace, d’où ma véhémence que vous voudrez bien excuser. Oui, ce livre m’agace même si, par moments, je subis comme une fascination qui me pousserait à aller plus loin, je reconnais qu’il y a de bons moments d’écriture, mais qui ne sauraient me suffire pour maintenir mon attention pendant les 600 pages de cet essai au long fleuve intranquille.

Sachez que je ne suis pas de ceux qui tirent sur le pianiste surtout si ce dernier joue bien. Nos deux auteurs jouent avec des concepts sur 600 pages – gros travail, bel effort, mais pour quelles finalités ? – Je ne sais pas ce qu’ils jouent, où ils nous embarquent au niveau épistémologique, cet ouvrage me laisse perplexe, ambivalent, il me repousse et il m’attire malgré moi, par fulgurance, émotion attirance/répulsion où la répulsion demeure la plus forte.

C’est paradoxal ; des auteurs qui se posent en défenseurs de la psychanalyse tout en parlant de quelque chose qui n’en est pas. Admettons que ce soit de la philosophie, et comme toute philosophie, en phase avec Gilles Deleuze, je pense que la philosophie est censée produire des concepts, lesquels, dans ce livre, me paraissent infondés, donc inutiles : quel est l’intérêt de nommer l’Homme (l’être humain) sous le patronyme de Modus (le mode humain) ? Pourquoi escamoter l’objet @ de Lacan pour inventer le concept d’objet – 0, objet cause du désir ? Pourquoi remplacer l’Eros éternel par le conatus ? En outre, la pulsion serait une, il n’y aurait pas des pulsions mais LA pulsion, la pulsion de mort n’existerait pas, il n’y a pas de pulsions sexuelles, autant dire que la Terre est plate ! Cet ouvrage génère de la confusion. Exit l’Eros d’Herbert Marcuse, exit la métapsychologie de Freud et son « Jenseits des Lutsprinzips », une chatte analytique n’y retrouverait pas ses chatons et nous savons bien que le concept de chat ne ronronne pas !

Ce livre qui se voudrait une réévaluation spinoziste de Freud est long et d’un abord difficile. Le corpus textuel est très dense et foisonnant, il est truffé de concepts, et, pour paraphraser le regretté Léo Ferré, il est nécessaire de prendre sa loupe et ses bachots. Je n’irai pas plus loin dans cette lecture et je le déplore, je me demande seulement si les auteurs sont conscients de l’idéologie et de l’obscurantisme qu’ils dissimulent en pseudo concepts savants, s’adaptant aux images versatiles du révisionnisme. Parfois en colère, cet ouvrage m’a semblé par moments vain et prétentieux, mais je n’en ai lu qu’un sixième, cent pages sur 600, alors je n’en ai qu’une vision partielle, donc partiale.

Voilà ce que m’inspirent les cent premières pages de ce livre. J’invite les lecteurs qui iront au bout, de m’expliquer ce que j’ai raté ou pas compris. J’en terminerai peut-être la lecture. Après tout, mon exemplaire de l’Anti- Œdipe de Deleuze et Guattari a bien attendu vingt ans pour que je m’y mette !

Serge Didelet, le 24 mai 2025

 

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